Almanach des muses


Historique

L’Almanach des Muses fut fondé par les éditeurs du Journal des dames et fut vendu avec celui-ci pendant les premières années (cf. N. Gelbart, Féminine and opposition journalism in Old Régime France : «Le Journal des Dames», Univ. of California Press, 1987, p. 140, 146, 148-149). Le Journal des Dames devint de plus en plus féministe et politiquement engagé sous la Révolution, alors que Almanach resta une revue littéraire, sous les directions successives de Sautreau de Marsy (1765-1793), Etienne Vigée (1794-1820), Justin Gensoul (1821-1829) et Jean-Pierre Lesguillon (1830-1833). Les premiers avertissements (1766, 1767) font état d'un franc succès, fondé sur le large choix poétique offert par la revue. Pour 1767, l'éditeur reconnaît avoir examiné avec soin plus de 30 000 vers, dont il n'a retenu que 2000. Les envois proviennent de toute la province. Dans son Avertissement de 1768, Marsy dessine à grands traits un panorama du genre: beaucoup d'esprit, de légèreté et de finesse, des «tournures ingénieuses», de la grâce, un «coloris vague et faible», une profusion de jolis madrigaux et d'épîtres spirituelles, mais peu «de bonne gaîté, de pensées fortes, d'images frappantes, de simplicité, de vigueur». L'auteur déplore cette décadence: «De là l'impossibilité de se livrer à cette méditation profonde qui a enfanté tant d'ouvrages immortels; de là l'uniformité fastidieuse des caractères: on quitte le sien pour prendre celui qui règne dans le tourbillon où l'on vit ... «Malgré cette production monotone, l'Almanach des Muses ne renonce pas à être un «livre de littérature» (Avertissement de 1765), une «espèce de bibliothèque poétique» (Avertissement de 1766) et une histoire du genre.C'est avec le numéro de 1771 que le calendrier s'installe dans l'ouvrage: fêtes mobiles, quatre temps, éclipses, levers de lune et couchers de soleil distribués selon les signes du zodiaque ou les mois de l'année. Ce type de calendrier disparaît dans les livraisons de 1793 et de 1794 et c'est un calendrier républicain qui ouvre la livraison de 1795, accompagné d'une courte pièce de vers intitulée «Les mois républicains».L'écho des événements s'entend plus nettement dans la livraison de 1790, qui s'ouvre sur une ode aux Etats généraux (de Ginguené); on y trouve, du même auteur, une ode «Sur la journée du 23 juin», adressée à Necker («O Cygne du Léman ...»), un «Couplet à M. le Marquis de La Fayette présent à la bénédiction des drapeaux du district des Cordeliers, le 13 août 1789» (d'Imbert), un dithyrambe sur l'Assemblée nationale (de M. J. Chénier). On peut encore lire, dans les années qui suivent des poèmes patriotiques de M. J. Chénier («Hymne pour la fête de la Révolution», 14 juillet 1790) ou de Desorgues («Chant de guerre contre l'Angleterre») et aussi l'«Hymne des Marseillais» par «le citoyen Rougez, officier du génie» (1793), ainsi que des poèmes en l'honneur de Bonaparte (1799 et 1800).Un almanach doit aussi tenir compte du nouveau découpage de l'année: «Le commencement de l'année n'étant plus le même, et le 1er Vendémiaire étant trop éloigné, on a pris le parti de fixer la publication de l'Almanach des Muses à l'équinoxe du printemps. Il paraîtra tous les ans à cette époque». Le rédacteur doit cependant reconnaître dès l'année suivante la justesse de l'observation des lecteurs qui pensent plus convenable de fixer la publication au commencement de l'année républicaine. «Sans afficher le titre de Républicain, lit-on dans l'Avertissement de 1795, l'Almanach des Muses l'a été véritablement depuis le commencement de la Révolution, l'éditeur ayant toujours inséré de préférence les meilleures pièces patriotiques; il le sera plus spécialement par la suite. Nous sommes loin cependant de vouloir en exclure les autres genres. Ils continueront toujours à y répandre de la variété, et à donner une idée des divers progrès de notre poésie». Effort pour maintenir l'équilibre entre l'ancienne formule et le nouveau cours des choses.

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Almanach des Muses

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